Le rap Belge est-il est mort avant sa naissance ?
« Le rap, parfois interprété comme le rétro acronyme des expressions anglaises « rhythm and poetry » ou « rock against police » (dû à une rébellion de jeunes des années 1980 contre la police), est un genre musical appartenant au mouvement culturel hip-hop apparu au début des années 1970 aux Etats-Unis. Aux premières heures les MC (masters of ceremony, maîtres de cérémonie) servaient juste à supporter les DJ et les parties rappées étaient simplement appelées MC-ing. Certains rapprochent le rap des chants parlés qui auraient existé en Chine et en Occitanie. », telle est la définition plus ou moins complète qu’on trouve en général sur ce genre musical qui a mis son temps, mais qui aujourd’hui défraie la chronique.
Qu’est ce que la musique rap ?
Le rap n'est pas une musique comme les autres. Si la musique est à la base créée pour que l'on danse dessus, le Rap lui est là pour autre chose. Originaire des ghettos américains, il sert de signal d'alarme aux défavorisés qui crient leur peines en les composant et en les posant sur un rythme (Voir structure rythmique). Aujourd'hui, les problèmes sont différents mais beaucoup plus nombreux. La situation dans le monde, la politique, les génocides, les extrémismes, le racisme, beaucoup de thèmes et de problèmes à aborder et à dénoncer en l'occurrence, c'est ce dont se charge le rap qui à la manière des poètes des siècles précédents, dénoncent, contestent et parlent de ce système qui ne cesse de se dégrader jour après jour. Alors bien sûr le rap peut paraître agressif et insolent mais derrière ces insultes et ce langage « de la rue » se cache souvent la vérité. D'ailleurs certains rappeurs n'ont pas recours aux insultes pour faire passer leur message.
Comment est-il alors arrivé chez nous avec de telles origines, aussi diversifiées les unes que les autres ?
Le rap n’a pas eu de mal à s’intégrer dans les mœurs et la société belges. Notre culture est faite d’influence diverses, elle est un mélange de différents pays, différentes coutumes, qui font un ensemble cohérent. Le rap s’intègre bien à ça ! Il est d’abord apparu sur Bruxelles, les premiers Dj’s revenant des Etats-Unis avec les dernières nouveautés ont commencé à faire rapper des gars de chez nous sur des instrus face B (instrumentales peu connues de musiques rap américaines).
Le mouvement s’est ensuite répandu, par des soirées hip-hop, des Dj’s de plus en plus nombreux, des sons de plus en plus importés des Etats-Unis. Pourquoi ne pas faire comme là-bas ? Mais avec nos valeurs, notre culture. On a commencé à voir émergé des groupes comme CNN199 (groupe phare de la scène belge), Starflam, pour les plus connus, mais bien avant eux des crews (associations de personne qui forment un groupe) tels que FRJ, la Zulu Nation (qui vient directement des Etats-Unis et qui a une grande représentation en Belgique), etc.…
Qu’en est-t’il de la scène rap belge actuelle ?
Le nombre de groupes existants est impressionnant, et se multiplie de jours en jours. Les plus connus sont bien évidemment Starflam, groupe de Liège, qui est celui qui a eu le plus de succès. Deux albums à leur actif, des centaines de concerts partout en Belgique mais également en France.
Le groupe CNN199, issu du label « Souterrain », qui œuvre beaucoup pour le milieu hip-hop en Belgique et qui est très reconnu par les puristes, avec son leader charismatique Rival. Un album sorti, un album solo pour Rival, avec, pour ne citer que lui, une participation de Akhenaton, leader du groupe mythique IAM.
Mais également une multitude de groupes et rappeurs peu connus, mais au combien talentueux : HNS (Liège), James Deano (Bruxelles), Nomade Hür (Charleroi), La Cellule (Charleroi), Dope Skwad (Verviers), Kromozom (Bruxelles), Gandhi (Bruxelles), Ultime Team (Bxl),Convok (Bxl),Molem Gang (Bxl) et la liste est encore longue.
Il y a donc de quoi faire, avec un style beaucoup plus réfléchi que le rap français, des textes dans lesquels se mélangent les métaphores et les paraphrases, des mélodies sombres et tristes, mais également enjouées et revendicatrices. C’est vraiment un rap à part entière.
Mais alors comment se fait-il que pour la plupart des gens ces noms ne veulent rien dire et ne leur évoque rien ?
Quel problème rencontre le mouvement du rap en Belgique ?
Il y a un énorme problème qui se situe au niveau des radios, TV,…Le rap belge pour eux, personne ne l’écoute, et cela ne rapporte pas. Ce n’est pas une structure assez carrée, des gens assez sérieux que pour bosser avec eux.
Mais pourtant le rap belge s’organise ! La création de nombreux labels et structures organisées s’est intensifiée ces dernières années. Avec de l'auto production, des beatmakers (créateurs d’instrumentales) qui apparaissent un peu partout.
Le manque d’intérêt des grands médias pour cette culture est une grande erreur. Il serait bon de faire découvrir ce style bien particulier qu’apporte la Belgique au rap. Ce n’est pas vraiment une question de se faire reconnaître, car tout le monde sait qu’on ne va pas loin quand on vient de Belgique, mais juste de faire apprécier cette musique aux amateurs, et bien sûr à ceux qui ne s’y intéressent pas. Mais malgré des évènement de plus en plus nombreux, des concerts, des promotions sur des petits radios indépendantes, des actions pour les jeunes,etc., le rap belge reste toujours marginal et on voit mal comment il pourrait sortir de l’ombre.
Des solutions pour le futur ?
Bien sûr qu’il y a des solutions, mais seuls les dirigeants de radios, Tv et autres médias répandus pourront les réaliser. Tout le monde travaille presque en indépendant dans ce milieu : auto production, enregistrement dans des studios personnels montés dans un grenier, une cave bien souvent, réalisation des pochettes, des flyers et autres affiches promotionnelles. Un coup de pouce sera le bienvenu ! Après tout la culture appartient à tout le monde, et on ne peut pas dénier qu’elle appartient également aux jeunes, donc les solutions sont là, il faut les mettre en place maintenant. Qu’est ce qui fera réagir les dirigeants ? Ca on ne le sait pas…
Le rap belge regorge de talents ! Même si on n’adhère pas vraiment à ce style de musique, il est vraiment une chose à découvrir, ou du moins écouter une fois ! Le manque de promotion et d’intérêt est certes déconcertant, mais n’empêchera pas les passionnés de continuer à se démarquer, et à se donner à 100 % dans leur art.
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